Interview du consul de France en Tunisie : davantage de rendez-vous face la demande exponentielle

Interview du consul de France en Tunisie : davantage de rendez-vous face  la demande exponentielle


Interview du consul de France en Tunisie : davantage de rendez-vous face la demande exponentielle

Pour les Tunisiens, obtenir un visa Schengen, est devenu un vrai chemin de croix. Ce parcours administratif s’est complexifié davantage après la pandémie Covid-19. La pression sur les services consulaires est montée d’un cran après la réouverture des frontières causant un décalage entre l’offre et la demande. L’absence de rendez-vous a, d’ailleurs, créé davantage de frustrations poussant les Tunisiens à débourser des sommes faramineuses auprès d’intermédiaires « non-officiels » dans l’espoir d’obtenir un rendez-vous pour le dépôt d’une demande de visa auprès des prestataires de services officiels des représentations diplomatiques. La situation semble, cependant, s’améliorer. C’est du moins ce que le Consul général de France, Dominique Mas, a affirmé dans une interview accordée à Business News.

 

Comment expliquez-vous la pression au niveau des services de visas ? 

La situation est toute simple : parallèlement à l’afflux des demandes qui nous sont parvenues alors que nous sortions du Covid et de la période dite incitative qui nous a forcé à réduire le nombre de visas octroyés, nous avons entamé le déploiement d’une nouvelle plateforme informatique – laquelle nous permet d’assurer davantage de sécurité, de mieux conserver les données et de travailler avec plus de fluidité –, en plus de la réorganisation nécessaire de nos services en termes de formation et d’apprentissage. 

 

La situation est-elle en train de s’améliorer ? 

Effectivement, l’encombrement que nos services ont connu est, aujourd’hui, en train de se dissiper et nous sommes parvenus à des délais d’instruction de dossiers incompressibles ; de dix à quinze jours. Nous sommes, également, en capacité de débloquer de nouveaux rendez-vous. Deux mille rendez-vous supplémentaires seront disponibles jusqu’au 30 juin. Ceux prévus pour le mois de juillet n’ont pas encore été ouverts, car nous changeons de procédures d’une part pour lutter contre la fraude et de l’autre contre les intermédiaires qui proposent des rendez-vous. 

 

 

Comment expliquez-vous ce phénomène d’intermédiaires ?  

Ces systèmes d’intermédiaires sont nés de la rareté en termes de rendez-vous en comparaison avec la demande, aujourd’hui, exponentielle. Dans d’autres pays, les intermédiaires disposent d’outils informatiques sophistiqués ; des robots informatiques qui sont en capacité de scanner en permanence les plages de rendez-vous et dès qu’un rendez-vous se libère il est accordé à un client. Nous supposons que les intermédiaires en Tunisie opèrent de la même façon, mais nous ne pouvons agir car cela relève de la souveraineté du pays.  

 

On parle également de fraude

Cela implique une entente entre un membre du consultat ou de TLScontact et un intermédiaire pour s’arranger sur les rendez-vous, ce qui est impossible. Les rendez-vous sont verrouillés et ceux qui ne sont pas pris sont listés et soumis à notre contrôle. La prise de rendez-vous, tout comme l’examen des dossiers, se fait de façon aléatoire. 

Je reçois constamment des dénonciations dans ce sens mais aucune partie n’a pu avancer de preuves. Regardons donc la réalité, celle que je vous ai décrite, en toute transparence. 

 

Existe-t-il encore un quota en termes d’octroi de visas ? 

Les mesures qui devaient inciter à une reprise de dialogue sur la question migratoire ont été annulées depuis septembre dernier. Nous retrouvons, actuellement, les taux de refus que nous avions auparavant soit 25% de taux de refus. Seul un visa sur quatre est refusé et nous comptons descendre davantage. 

 

Qu’en est-il des visas pour étudiants ? 

Je sais qu’effectivement cela est un point d’angoisse. Je tiens donc à rassurer les jeunes à qui je pense particulièrement. Nous avons gelé environ six mille rendez-vous visa entre mai et la mi-septembre, soit l’équivalent du nombre de dossiers de visas pour les études que nous recevons chaque année. Les jeunes Tunisiens n’ont pas à s’inquiéter. Une fois qu’ils auront engagé la procédure auprès de Campus France et le processus lancé, une date de rendez-vous leur sera sélectionnée automatiquement par Campus France afin qu’ils puissent déposer leurs demandes de visas sur TLScontact. 

 

 

Propos recueillis par Nadya Jennene

 

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