Pour les clubs de Ligue 1, des revenus télé qui fondent

Pour les clubs de Ligue 1, des revenus télé qui fondent

Comment interpréter la reprise en main du RC Lens par Joseph ­Oughourlian ? Dans le milieu du football, le propriétaire des Sang et Or est considéré comme un entrepreneur avisé. Pour plusieurs de ses pairs, sa décision de réduire sensiblement le train de vie de son club serait liée au dossier des droits télé. « Il faut ­toujours regarder ce que fait Joseph », dit l’un d’eux. Si l’on s’en tient à cette « maxime », l’homme d’affaires semble anticiper une baisse sensible des recettes télé.

Les révélations de L’Équipe dimanche sur un prix de 500 millions d’euros pour les droits domestiques, même si Vincent Labrune ne désespère toujours pas de décrocher davantage, ont tendu encore un peu plus les dirigeants de club. Jean-Pierre Caillot, patron du Stade de Reims et du collège de L1, a d’ailleurs cru nécessaire de les rassurer en leur envoyant un message le même jour. Si un accord devait être finalisé à hauteur de 500 M€ pour les droits domestiques, les perspectives s’annoncent sombres pour les clubs. Sur quelle somme pourront-ils au final réellement compter une fois les différents frais retirés ?

430 M€ à se partager la saison dernière

Cette saison, en 2023-2024, les droits audiovisuels nationaux et internationaux pour la L1 et la L2 ont rapporté 734,5 M€ bruts selon le guide de répartition de l’exercice qui s’achève le 30 juin. Ce guide détaille les parts qui reviennent à la L1 et la L2 en fonction de différents barèmes (droits jusqu’à 500 M€, puis entre 500 et 600, entre 600 et 700 et droits internationaux).

En tenant compte de ces critères, le montant diminue à 545 M€ auquel il faut encore retrancher 115 M€ pour les frais divers associés au barème : coût de fonctionnement de la Ligue de football professionnel, taxe Buffet et autres subventions versées (FFF, syndicats de joueurs, clubs et entraîneurs). Au total, les clubs se partageaient cette saison 430 M€ de droits domestiques. Les droits internationaux, à hauteur de 52 M€ après retraitements, sont réservés aux équipes européennes.

Si on projette les éléments du guide de répartition 2023-2024 sur la saison 2024-2025 et dans l’hypothèse de droits domestiques limités à 500 M€, la somme globale à partager serait encore bien moindre. Aux 500 M€ potentiellement encaissés la saison prochaine, il faut ajouter près de 160 M€ de droits internationaux – Labrune a évoqué devant le conseil d’administration de la Ligue, mercredi dernier, un montant compris entre 150 et 170 M€ -, soit plus du double du contrat qui s’achève le 30 juin et rapportait 72 M€ bruts.

Des recettes supplémentaires… et de nouveaux coûts

Sur ces 660 M€, il faut retirer les différentes ponctions indiquées plus haut. La Ligue peut tenter de les réduire au vu de la situation et elle va enregistrer des recettes supplémentaires (nouveau namer de la L1 avec McDonald’s et accord sur les paris sportifs dans le monde). En contrepartie, la LFP a aussi généré de nouveaux coûts avec les embauches au sein de sa société commerciale ou son nouveau siège.

Grosso modo, ces frais devraient être assez proches des 115 M€ de 2023-2024. À cela va s’ajouter la saison prochaine, la « taxe » CVC, le fonds d’investissement qui a permis la création de la société commerciale en apportant 1,5 milliard d’euros contre 13 % des revenus à vie de la filiale de la Ligue. Mais pour sa première année, CVC percevra 20 % puisqu’il commence à rattraper les deux exercices précédents où il n’a rien empoché selon l’accord initial avec la LFP. Cela représentera 132 M€ en moins.

Au final, avec ce scénario du pire, c’est environ 300 M€ (430-132) de droits domestiques que les clubs auraient à se partager. Soit une baisse de 30 %.

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