« J’ai demandé une wild-card à Roland-Garros », admet la révélation Lois Boisson

« J’ai demandé une wild-card à Roland-Garros », admet la révélation Lois Boisson

23 victoires, une seule défaite : le bilan de Lois Boisson sur terre battue a quelque chose de nadalesque. Alors ok, la 152e joueuse mondiale, âgée de 20 ans, a construit son bilan fou sur des tournois ITF, avec trois titres consécutifs à Alaminos-Larnaca (Chypre), Terrassa (Espagne) et Bellinzone (Suisse). Mais quand il a fallu répondre présente à l’échelon supérieur, elle ne s’est pas dégonflée. Résultat, elle est également sortie victorieuse du WTA 125 de Saint-Malo, après avoir battu une top 100 au premier tour (Gracheva) puis Alizé Cornet en demies et Chloé Paquet en finale.

Sur le Trophée Clarins, également un WTA 125, qui commence lundi du côté du Lagardère Paris Racing, elle fera tout pour confirmer. Le plateau y sera plus relevé qu’à Saint-Malo : outre Simona Halep, détentrice d’une wild-card, seront présentes Emma Navarro, Leylah Fernandez ou encore Sloane Stephens (un US Open et une finale à Roland-Garros). L’occasion de voir jusqu’où peut aller la tempête Boisson, qui ne dit pas non à une wild-card du côté de la Porte d’Auteuil. Un destin à la Arthur Cazaux à Melbourne, chiche ?

Vous refusez d’entendre parler de déclic, mais comment expliquez-vous votre progression et cette incroyable série de victoires en 2024 ?

C’est la continuité du travail au fil des années, des mois, qui commence à payer. Avant d’entamer cette série, je suis passée sur terre, j’ai fait un bon bloc d’entraînement. Je me suis tout de suite sentie bien sur la surface. Après, le fait de gagner plusieurs matchs à la suite a fait augmenter mon capital confiance au fil des matchs. Je me sens de mieux en mieux sur terre.

C’est votre surface favorite depuis toujours ?

Depuis que j’ai commencé le tennis. Quand j’étais petite, j’ai beaucoup joué sur terre en extérieur et je pense que ça explique beaucoup de choses. Ce que je préfère sur la terre, c’est la sensation de glisse. Je trouve ça aussi plus intéressant tactiquement pour construire un point, utiliser plus de variations, ce genre de choses.

Récemment, vous avez remporté votre plus gros tournoi à Saint-Malo (WTA 125) en battant notamment Chloé Paquet au terme d’une finale marathon en trois sets. Que retenez-vous de ce match et de ce tournoi ?

Physiquement, le tournoi était plus dur que les autres. Les trois derniers matchs en trois sets étaient assez longs. Sur la finale, ça fait toujours une sensation incroyable de gagner en étant partie de loin. J’étais très malmenée et finalement j’ai réussi à m’en sortir. Sur l’aspect mental et physique, ça fait du bien de gagner de cette manière. D’autant plus qu’il y a un titre au bout. Ça fait plaisir.

Vous vous surprenez, mentalement ?

Non, mais j’ai beaucoup bossé dessus et la continuité du travail veut que je me sente bien. Je ne suis pas encore au maximum sur cet aspect parce que j’ai encore des petits trous d’air mentalement, mais j’ai une stabilité globale qui m’aide à me sentir mieux.

Quels sont vos leviers psychologiques pour atteindre cette sérénité ?

J’essaye de faire en sorte d’éprouver le moins de frustration possible par rapport à ce qu’il se passe sur le court. Je suis plus concentrée et lucide, je m’occupe de ce que j’ai à faire sur le terrain, et les éléments extérieurs me perturbent moins.

Jusqu’où ira-t-elle? - Michel Grasso

Physiquement aussi, vous avez dû beaucoup travailler dans la séquence de blessures contractées en 2021 et 2022 qui vous ont beaucoup ralentie. Comment vous êtes-vous reconstruite autour de ces pépins ?

Pendant un an, je n’ai fait que du physique, ce qui fait que j’ai énormément progressé. Le fait d’avoir vécu cette blessure m’a fait comprendre que je suis obligée de faire ces choses-là pour pouvoir jouer au tennis. J’ai des routines nécessaires pour me sentir bien physiquement et ne pas avoir de blessures stupides. Un mix de renforcement de l’épaule, d’étirements et de récupération.

Où avez-vous le plus progressé physiquement ?

Je dirais sur l’aspect préventif, justement. Ce n’est pas forcément frapper plus fort ou plus longtemps. Le fait de jouer au tennis crée beaucoup de déséquilibres, le côté droit va être plus fort que le côté gauche, l’avant plus fort et les dorsaux moins costauds, etc. J’ai pu rééquilibrer le tout et c’est ce qui me permet d’enchaîner les matchs sans avoir de douleurs un peu partout.

À supposer que les blessures soient derrière vous et compte tenu des résultats récents contre des joueuses autour du Top 100, quels sont vos objectifs à court terme et où vous voyez-vous à plus long terme ?

Je ne me donne pas d’objectif de classement, mais l’idée serait d’arriver assez vite dans les 100 meilleures mondiales pour me stabiliser et viser le tableau principal des grands tournois. Une fois que ça sera fait, je verrai plus loin. J’ai encore beaucoup de choses à améliorer tennistiquement, physiquement et mentalement.

Qu’est-ce qu’il faudrait améliorer d’après vous ?

Être plus agressive, courir moins sur un terrain c’est-à-dire de conclure des points un peu plus vite. Il faut que je continue de cultiver cette agressivité et le faire sur n’importe quelle surface.

Vous postulez à une wild-card pour Roland-Garros ?

Oui, j’ai fait la demande. J’attends la réponse, ça sera officiel ce lundi. Si ça ne passe pas, il y aura les qualifs.

L’optique de jouer le dernier Roland de Rafael Nadal, qui est votre idole, ça pourrait être sympa…

Croiser Rafael Nadal, c’est quelque chose que tout le monde a envie de faire. Pouvoir assister à un de ses matchs, ça serait cool. Rafa, il est incroyable sur tous les aspects. La manière dont il joue est incroyable, mentalement aussi. Pour moi, c’est le meilleur. Chez les filles, j’aime beaucoup Swiatek pour sa stabilité. Il y a eu très peu de joueuses aussi stables qu’elle sur la durée, récemment. Elle le fait clairement et ça fait d’elle la joueuse la plus solide.

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